Si vous suivez un peu l’actualité, vous avez peut-être entendu ce ~~charmant~~ néologisme : “shrinkflation” (de shrink en anglais : réduire, et flation : inflation) francisé en “réduflation”.

Alors qu’un des “sports” de l’industrie agroalimentaire était jusqu’à présent de “gonfler” artificiellement la masse et le volume de certains produits en y ajoutant eau, agents de texture et autres additifs afin de faire de substantielles économies sur les produits finis, une nouvelle “mode” semble prendre le relais.

Cette fois-ci, l’idée est de réduire de façon quasiment imperceptible les quantités de produits tout en conservant le prix d’origine ou en l’augmentant très légèrement.

Le consommateur n’a ainsi pas l’impression de dépenser plus, la bouteille de soda par exemple, est plus ou moins au tarif qu’il a l’habitude de payer. Pour autant, il aura en réalité moins de produit et paiera donc mécaniquement plus qu’avant à quantité égale.

Si cette pratique touchait au départ les grands acteurs des boissons gazeuses, qui, impactés notamment par la hausse de la taxe soda en 2017 et du coût des matières premières, avaient décidé de réduire la taille de leurs bouteilles (passage de 2L à 1.75L et de 1.5L à 1.25L en 2018 chez Coca Cola par exemple), on assiste à une accélération de ce phénomène.

Les portions de certains chocolats, fromages ou encore sucres en poudre ont commencé à “fondre” depuis 2019 comme l’alerte l’organisation à but non lucratif Foodwatch France.

Avec le contexte actuel de hausse du prix des matières premières, du coût des transport et de l’énergie, la tentation d’augmenter les prix tout en rendant l'opération quasiment invisible aux yeux du consommateur est tentant pour les multinationales.

Si le procédé n’est pas interdit par la loi (à condition que les quantités et le prix au kilo soient correctement renseignées), beaucoup d’associations de consommateurs souhaiteraient que les changements de format soient clairement indiqués afin de ne pas “tromper par omission” les acheteurs.

Foodwatch France propose d’ailleurs de signer une pétition en ligne pour que les industriels soient tenus d’informer correctement les consommateurs.

Vigilance donc lorsque vous ferez vos courses, pensez toujours à vérifier la contenance de ce que vous achetez (certaines bouteilles de jus de fruit ne contiennent par exemple que 90 cl alors que le format habituel est de 1L) et bien entendu jetez toujours un oeil au prix au kilo, au litre ou à la pièce afin de ne pas être lésé.

MAJ du 09/02

L'enseigne Intermarché avait entamé une campagne de "pub" tonitruante contre les produits du groupe Unilever pour dénoncer la shrinkflation.

Avec des slogans comme "Knorr, j'adorais" ou encore "Il n'y vont pas avec le dos de la cuillère" (pour des crèmes glacées), le groupe français s'est attiré les foudres du géant néerlando-britannique qui a porté plainte en diffamation.

Unilever vient finalement d'être débouté pour ce chef d'accusation. Une victoire ? Un appel n'est malheureusement pas exclu.

De son côté, Carrefour a tout bonnement décidé de retirer les produits du groupe PepsiCo pour protester contre les hausses de prix.

Réaction responsable de la part des enseignes de grande distribution ou moyen de s'attirer la sympathie des consommateurs ? Je vous laisserai en juger...

MAJ du 09/02/24

Autre néologisme qui a fait son apparition même si la pratique n'est pas nouvelle : "Cheapflation" (contraction de l'anglais "cheap": bon marché et "flation" pour inflation) pour désigner le fait que certains industriels cherchent à réduire, supprimer ou encore remplacer des ingrédients de leurs recettes par des substituts bon marché pour augmenter leurs marges tout en maintenant un tarif de vente identique voire en l'augmentant.

En gros, on cherche à vous faire payer aussi cher ou plus cher un produit de moindre qualité.

Là encore, c'est l'association Foodwatch qui a tiré la sonnette d'alarme sur ces pratiques pour le moins douteuses.

Comme pour la réduflation, le phénomène existe depuis des années mais l'inflation et la baisse de pouvoir d'achat des ménages semblent encourager le processus côté industriel.

Foodwatch donne l'exemple de bâtonnets de surimi de la marque Fleury Michon dont la composition indique l'utilisation de 11% de moins de poisson alors que le prix au kilo a bondi de 40% entre 2021 et 2023.

Une façon possible (mais malheureusement pas certaine) de débusquer les produits incriminés est de repérer les aliments qui portent la mention "nouvelle recette".

Celle-ci est souvent mise en avant comme bénéfique pour le consommateur (sans sel nitrité, sans adjonction de conservateur ou de colorant) mais cache parfois tout simplement l'utilisation d'autres artifices pour proposer une recette moins chère à produire et donc de permettre une marge plus importante.

Si vous avez repéré un produit qui aurait subi ce traitement, il est possible de contacter Foodwatch pour que l'information soit largement relayée.

N'hésitez pas non plus à partager en commentaire les "anomalies" que vous avez pu observer lors de vos emplettes.

MAJ du 07/05/24

Le gouvernement semblant prendre au sérieux la gronde des associations de protection du consommateur concernant la shrinkflation, les supermarchés seront tenus d'indiquer clairement sur les emballages ou sur une étiquette à proximité si les produits ont subi une "réduflation" à partir du 1er juillet 2024.

Seront indiqués les quantités (poids ou volume) et les prix avant et après modification.
Ne seront malheureusement concernés par cette obligation que les magasins ayant une surface de vente de plus de 400m2.

Les indications devront apparaître dans les 2 mois de la mise en circulation des produits (denrées alimentaires et produits non alimentaires vendus dans une quantité constante).

Sans application par les enseignes de ces directives, des amendes allant jusqu'à 15000€ pourront être adressées.

Reste à voir si les grandes surfaces joueront le jeu et si une surveillance des bonnes pratiques sera mise en place...

> Arrêté du 16 avril 2024

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