Ils sont fatigués, mais les Gardiens repartent pour un dernier tour, dans un film où James Gunn, lui aussi, fait ses adieux.
Déjà presque dix ans depuis le premier film Gardiens de la Galaxie, l’un des morceaux les plus réjouissants du mastodonte Marvel Cinematic Universe.
C’est, sans doute, LA franchise où l’on sent une patte d’auteur, une ambiance un peu indépendante face à tous ces autres films parfois interchangeables. Et ceci grâce à James Gunn et sa vision originale, un film de casse, des bras cassés, de la nostalgie musicale et l’histoire tragique de Peter Quill, orphelin enlevé à sa planète.
Neuf ans plus tard, James Gunn conclut la chose avec un troisième opus, qui signe raisonnablement la fin de ce morceau de fiction – avant, ironiquement, de redresser l’écurie d’en face. Ce même James Gunn a déjà pris les rênes du DC Universe avec, prochainement, sa propre version de Superman. Avant tout ceci, place aux émotions.
Les gardiens fatigués
Nous sommes donc six ans après les dernières aventures de Peter Quill et sa bande au cinéma. Mais tout le monde hurle sur tout le monde – Gamora est de nouveau vivante (mais amnésique, enfin pas tout à fait, c’est une longue histoire), Starlord est en deuil amoureux, Nebula crie sur tout le monde, et Rocket va mal. C’est le point de départ de ce film en deux temps, d’abord d’infiltration, puis étrange film-catastrophe – les Gardiens doivent sauver la mascotte du groupe, une opportunité pour le film d’enfin expliquer les origines du personnage doublé par Bradley Cooper.
Le casting est vanné, même les moments d’humour sont là pour souligner la tension, et le tout a un petit quelque chose de crépusculaire. D’un bout à l’autre, on sent l’adieu du réalisateur à ses personnages, mais aussi à son canevas, tout aussi fatigué.

Tout commence sur Creep de Radiohead, et, encore une fois, les aventures de Starlord sont ponctuées de sa propre playlist – qui culminera avec un tube plus si éloigné. Les accent rock s’effacent très vite pour une séquence de casse aux décors organiques et délirants, où tout le monde a des costumes colorées, presque évocateurs d’un épisode de Scooby Doo (rajoutez quelques éléments naturalistes un peu cracra). La direction artistique est toujours un peu clivante, presque cheap – comment rester sérieux face à un Will Poulter peinturluré or ? Un morceau aussi étrange que réjouissant qui marche bien en 3D, si vous en avez l’occasion.
Un deuxième morceau encore plus bizarre s’amorce enfin (qui s’attendait à y entendre… Hatsune Miku ?) dans, littéralement, Terre 2, à la recherche de l’antagoniste – le Maitre de l’Évolution, joué par Chukwudi Iwuji, qui y donne beaucoup de lui-même. Ce dernier est responsable de la mutation de Rocket et ce dernier compte bien lui faire payer. Un ventre hybride, littéralement une xénofiction, qui fait fleurir quelques idées astucieuses, et permet d’aborder un terrain bien terrien – la condition animale et l’exploitation.
L’heure des adieux
Et soudainement, Les Gardiens 3 n’ont plus le temps – le rythme et le montage, déjà très saccadés, déroulent un troisième acte-catastrophe, rempli de scènes d’action et de fuites, peut-être un peu trop. Bien sûr, il y a un plan-signature, assez étonnant et fourmillant de détails, en pleine bagarre ; mais le spectateur doit lui aussi courir un peu, et se perdre, pour digérer toutes ces explosions, toutes calées à la fin de ces deux heures trente, surtout quand elles sont superposées à des moments émotionnels d’une intensité rare dans la saga.
Et enfin, la conclusion qu’on ne spoilera pas, à la fois assez sage et teintée de mélancolie. Cette fois, c’est la bonne, c’est l’heure de dire au revoir. Au final, on aura un peu tout eu, de l’action, de la psychologie, l’ensemble reste un peu figé, mais on aura vécu quelques émotions, même pour les plus hermétiques au MCU. Comme son méchant, James Gunn aura joué à Frankenstein – sa dernière oeuvre est un patchwork bizarre, composé de pleins de choses n’allant pas nécessairement ensemble.
S’il ne devait en rester plus qu’un, cela pourrait être ce film : comme James Gunn, si vous voulez passer à autre chose, Les Gardiens Volume 3 peut être votre baroud d’honneur – un film un peu déconnecté, hommage à une époque révolue : le MCU, après tout, c’était il y a dix ans.
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