Les dernières aventures du croquemitaine rencontrent un succès critique et commercial, grâce à la volonté de faire un peu plus que de la série B.
Il ne fallait pas tuer son chien et voler sa voiture : avec quatre films, John Wick aura été une franchise à millions, qui couvre dix ans de cinéma et qui aura au moins un film spin-off.
Son quatrième chapitre s’est remboursé dans son premier week-end d’exploitation et est validé par les impitoyables sites Rotten Tomatoes et Metacritic. Mais qu’est-ce qui marche dans cette saga que vous ne prenez peut-être pas au sérieux ?
La saga, amorcée en 2014 par Chad Stahelski et David Lietch, n’est pas qu’une histoire de revanche un peu bas du front, mais chorégraphiée avec rythme par des experts de cascades. Trois films plus tard, John Wick est plus que la série B deluxe, mais consciente, qu’elle était au début.
Elle a désormais un univers. John Wick est en deuil, se venge, puis est rattrapé par un monde caché régi par une improbable organisation de tueurs à gages. Le tout dans une esthétique gothique improbable que les épisodes adorent dérouler. Cette fois, il doit vaincre un méchant français envoyé par la Table, l’organisation d’assassins dont John s’est affranchi.
Avec John Wick : Chapitre 4, la franchise assume plus que jamais qu’elle en est une, mais fait tout pour combattre la « franchise fatigue » tant redoutée. Sans spoiler, John Wick 4 est un film qui sait s’imposer des limites, mais s’ouvre enfin au monde extérieur pour un voyage à Osaka, Berlin, et Paris. Elle s’offre même les services de Donnie Yen, monstre de charisme et bien traité dans le film, pour ce qui pourrait raisonnablement clôturer la saga.
Rythme, aura et lucidité
Rempli de petits moments cultes (une improbable descente des marches du Sacré-Cœur), les quasi trois heures ne sont visiblement pas un obstacle pour les spectateurs — le film est rythmé d’un bout à l’autre.
Il s’assume comme un jeu vidéo géant, filmé comme une partie d’Hitman dont on retrouve certaines scènes (une boîte de nuit à Berlin). On y trouve aussi un hommage appuyé au jeu Hotline Miami, avec des gunfights en vue de dessus dans un appartement parisien infini.
Les scènes de combat hyperstylisées, parfois un peu inutilement, sont chorégraphiées avec un gun-fu notoirement travaillé en amont par Keanu Reeves, qui n’a qu’une poignée de centaines de mots dans le script. Il parlera aux spectateurs français, grâce à une séquence qui culmine dans un Paris cinématique un peu improbable, où personne n’est gêné par une petite armée qui prend le rond pont de l’Étoile à contresens. Le tournage n’a pas été des plus heureux, entre retards accumulés et séquences complexes à réaliser.
John Wick repose sur une mécanique un peu fétichiste de le voir encastrer et enlever des chargeurs avec précision, avec un air concentré et un « clic » toujours plus satisfaisant. Le concept de surhomme invincible, impossible à abattre, n’est pas nouveau, mais John Wick a eu assez de longévité pour devenir une formule, et inspirer Nobody, avec Bob Odenkirk, sorti en France mi-2021 et produit par David Lietch.
Et s’il est indéniable que tout le monde célèbre l’interprète de Better Call Saull, impossible d’arriver à la cheville de Keanu Reeves, « le messie de la pop culture ». L’acteur de Matrix est entouré d’anecdotes sur sa gentillesse en tournage, il est connu pour avancer les sommes sur les projets qu’il produit et est globalement connu pour être une adorable personne. Parfois, en interview, il rappelle sa sensibilité et les drames qu’il a connus dans sa vie. En retour, le public est très indulgent avec l’acteur et ses projets.
C’est moins évident à relever avant d’avoir vu le film, mais John Wick 4 comprend que le status quo qui allonge ad vitam les franchises n’est plus supportable. Il ferme des portes, plus ou moins grandes. Il sous-pèse les « conséquences », comme il le répète souvent.
Hélas, Marvel nous a montré que même la mort diégétique de personnages n’était pas un problème pour continuer des franchises. Alors, profitons-en tant que la saga ne se noie pas dans les produits dérivés et l’ironie. À moins d’être un expert du cinéma de bagarre, aller au cinéma voir John Wick, c’est une garantie d’y prendre un plaisir simple.
John Wick, Chapitre 4, de Chad Stahelski, depuis le 22 mars en salles. Découvrez les salles disponibles pour aller le voir, et retrouvez les meilleurs bons plans sur Dealabs pour économiser sur vos places de cinéma.